Les dangers de l’aliénation parentale

Il arrive parfois que la séparation ou le divorce soit si douloureux qu’un des parents veuille se venger de l’autre. Consciemment ou pas, il parvient à manipuler l’enfant pour le détourner de l’autre parent.

Peut alors naitre le syndrome de l’aliénation parentale (SAP).

La souffrance du parent rejeté est extrême ; les conséquences sur les enfants sont inquiétantes.

Qu’est-ce que l’aliénation parentale ?

L’aliénation parentale est le fait pour un enfant de rejeter l’un de ses parents, par suite d’une rupture parentale. Ce rejet peut aller jusqu’au refus de voir ce parent ou de lui parler.

Le plus souvent, le parent chez qui vit l’enfant justifie l’attitude de rejet et l’entretient. Il dénigre l’autre parent, se persuade que la rupture est une bonne chose.

L’enfant, persuadé d’agir librement, ne réalise pas qu’il est en réalité « manipulé ». Face à un conflit de loyauté, il prend fait et cause pour le parent « victime » de la séparation, reprenant souvent ses propos. Parfois, il peut même tenter de faire douter des capacités éducatives du parent qu’il rejette ou lui attribuer faussement des violences physiques ou psychologiques.

Il est important de rappeler que le divorce est une rupture du mariage qui ne concerne que les époux. Les enfants doivent être tenus à l’écart des motifs de cette rupture.

Que dit la loi ?

Le parent privé de son enfant peut saisir le juge aux affaires familiales pour se voir attribuer un droit de visite et d’hébergement si aucune décision n’a été prononcée en ce sens.

S’il bénéficie déjà d’un tel droit, il peut demander au juge de proposer une médiation ou d’assortir sa décision d’une astreinte, amende civile ou même de bénéficier de la force publique pour faire exécuter une décision de justice (voir notre article : les nouveaux pouvoirs du juge aux affaires familiales)

L’enfant sera informé qu’il peut être auditionné par le juge. Il lui sera rappelé qu’il est en droit d’exprimer ses sentiments mais que la décision finale ne lui appartient pas. Il lui sera également rappelé par le juge ou son avocat qu’il n’a pas le droit de décider de ne plus voir un de ses parents.

Le parent privé de son enfant peut également déposer une plainte pour non-présentation d’enfant. L’autre parent sera convoqué et jugé par le tribunal correctionnel.

Lorsque l’enfant semble en situation de danger avec l’un ou l’autre des deux parents, le juge des enfants peut également être saisi. Il convoquera l’enfant et ses parents, évaluera la situation de danger et pourra ordonner une AEMO (assistance éducative en milieu ouvert) et, dans ce cadre, mandater des éducateurs pour écouter et accompagner l’enfant vers une reprise de contact.

A SAVOIR :

D’après une étude réalisée par la DREES (service statistique du ministère des Solidarité et de la Santé) en 2018, un jeune sur quatre n’a plus de relation avec son père à la suite du divorce de ses parents.

Dans 90 % des situations, les enfants qui résident exclusivement chez leur mère ne voient leur père qu’un week-end sur deux, soit quatre jours par mois. C’est trop peu pour que le père joue son rôle dans la construction de son enfant. La séparation physique est la cause de la distension de la relation bien plus que la distance géographique.

Lorsque les enfants vivent alternativement au domicile de leur deux parents, la relation est maintenue.

A méditer !